Livre ana­ly­sé

Réfé­rences

Stof­fel (Jean‐François), Compte ren­du de J. Arnould, « Sous le voile du cos­mos : quand les scien­ti­fiques parlent de Dieu », in Nou­velle revue théo­lo­gique, vol. 139, 2017, n°3, p. 514.

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Jacques Arnould

Sous le voile du cosmos

Quand les scientifiques parlent de Dieu

Sous le voile du cos­mos : quand les scien­ti­fiques parlent de Dieu. – Paris : Édi­tions Albin Michel, 2015. – 312 p.

Consta­tant, d’une part, que les scien­ti­fiques d’aujourd’hui sont deve­nus les « nou­veaux clercs » de notre temps en ce qu’ils n’hésitent pas à par­ler de Dieu à tout pro­pos (sou­vent, mal à pro­pos d’ailleurs) et, d’autre part, qu’ils jouissent, auprès du grand public, d’une auto­ri­té et d’une influence sans pareil, l’auteur estime néces­saire, avec rai­son, de sou­mettre leurs dis­cours en la matière à l’analyse phi­lo­so­phique et à l’expertise théo­lo­gique. Réjoui par un pro­pos intro­duc­tif d’aussi bonne augure, le lec­teur se met immé­dia­te­ment à ima­gi­ner ce que la suite de l’ouvrage va cer­tai­ne­ment lui appor­ter : une typo­lo­gie éclai­rante des prin­ci­pales pos­tures (concor­disme, dis­cor­disme…) et concep­tions de Dieu (déisme, pan­théisme…) endos­sées et façon­nées par les­dits scien­ti­fiques ; une grille de lec­ture, appli­cable même aux savants que le livre n’aura pas expli­ci­te­ment rete­nu, per­met­tant d’analyser leurs décla­ra­tions en vue de les situer dans ladite typo­lo­gie ; une liste de ques­tions fon­da­men­tales qu’il convient impé­ra­ti­ve­ment de se poser face à de tels dis­cours sur Dieu et, bien sûr, à titre d’exemples, une série de scien­ti­fiques récents et bien connus du grand public pour non seule­ment incar­ner de tels pro­pos, mais encore per­mettre au lec­teur d’exercer son esprit cri­tique en met­tant en œuvre ce qu’il vient toute juste d’apprendre. Ce n’est pas le choix qu’a fait l’auteur. Son livre, bien plus conven­tion­nel, consti­tue, pour l’essentiel, une his­toire de la cos­mo­lo­gie contem­po­raine qui, certes, pri­vi­lé­gie la ques­tion de Dieu. Après un pre­mier cha­pitre qui nous emmène des Phy­sio­logues jusqu’à A. Comte, les cha­pitres s’enchaînent plus ou moins chro­no­lo­gi­que­ment : A. Ein­stein bien sûr, l’inévitable G. Lemaître (mais le lec­teur pour­ra tout aus­si bien s’informer en recou­rant direc­te­ment à la source, à savoir les ouvrages de D. Lam­bert lui‐même), un peu de méca­nique quan­tique, l’incontournable prin­cipe anthro­pique, et d’autres thé­ma­tiques assu­ré­ment inté­res­santes comme les mul­ti­vers. Des­ti­né au public le plus large, ce livre se lit comme un roman : agré­men­té de nom­breuses anec­dotes, il diver­tit tout en ins­trui­sant, puisqu’il dis­tille, çà et là, un cer­tain nombre de réflexions tout à fait bien­ve­nues. Au sein de la masse des publi­ca­tions de vul­ga­ri­sa­tion sur Dieu et la science, voi­ci donc au moins une lec­ture saine, mais au terme de laquelle le lec­teur n’aura sans doute pas acquis des idées claires et distinctes.