Livre ana­ly­sé

Réfé­rences

Stof­fel (Jean‐François), Compte ren­du de D. Lam­bert, « Un atome d’univers : la vie et l’œuvre de Georges Lemaître », in Revue d’histoire ecclé­sias­tique, vol. 97, 2002, n°3 – 4, pp. 1157 – 1158. 

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Dominique Lambert

Un atome d’univers

La vie et l’œuvre de Georges Lemaître

Lam­bert (Domi­nique), Un atome d’univers : la vie et l’œuvre de Georges Lemaître. – Bruxelles : Édi­tions Les­sius ; Bruxelles : Édi­tions Racine, 2000. – 372 p. – (Au sin­gu­lier ; 2).

Alors que la science avait pris l’habitude de poser d’embarrassants pro­blèmes à la pen­sée catho­lique (que l’on songe seule­ment, au XVIIe siècle, à l’héliocentrisme et, au XIXe siècle, à la théo­rie dar­wi­nienne), au début du XXe siècle, elle affir­mait cette fois que notre uni­vers avait une his­toire et qu’il avait même com­men­cé, ain­si qu’en témoigne l’expansion de l’espace qui, si nous remon­tons le cours du temps, nous conduit jusqu’à un point sin­gulier. Aus­si pouvait‐il être ten­tant pour l’Église catho­lique de pro­fi­ter de cette nou­velle décou­verte scien­ti­fique en assi­mi­lant com­men­ce­ment et Créa­tion, en inter­pré­tant donc ce « com­men­ce­ment » comme la preuve, ou du moins comme le signe, qu’il y a bien eu Créa­tion ex nihi­lo. Était ain­si repo­sée, mais dans un contexte beau­coup plus favo­rable, la diffi­cile ques­tion des rap­ports entre science et foi. Or il se fait que le père de cette nou­velle théo­rie scien­ti­fique (connue sous le nom de « Big Bang ») n’était autre qu’un ecclé­sias­tique, en l’occurrence le cos­mo­logue belge Georges Lemaître (1894−1966). Com­ment inter­préta‐t‐il lui‐même cette décou­verte ? Com­ment vécut‐il lui‐même l’articulation de sa vie de croyant et de savant ? En répon­dant (notam­ment) à ces ques­tions, cette bio­gra­phie éru­dite et bien docu­men­tée de Lemaître, acces­sible à tout un cha­cun et rédi­gée par le spé­cialiste incon­tes­té de ce savant, est sus­cep­tible d’intéresser les lec­teurs de la pré­sente re­vue. Ils y appren­dront avec satis­fac­tion que le Père du Big Bang non seule­ment pra­ti­qua une claire et nette dis­tinc­tion entre la science et la foi et se refu­sa ain­si à toute récupéra­tion idéo­lo­gique de sa décou­verte, mais ten­ta éga­le­ment de pré­ser­ver le pape Pie XII d’une lec­ture dan­ge­reu­se­ment concor­diste de sa théo­rie. Certes, les deux cha­pitres où sont abor­dés ces impor­tantes ques­tions sont rela­ti­ve­ment som­maires, mais ils seront utile­ment com­plé­tés par les articles plus docu­men­tés où l’auteur de cette bio­gra­phie s’est plus spé­ci­fi­que­ment consa­cré à l’étude de cette thé­ma­tique dans la pen­sée de Lemaître. Rap­pelons enfin que, avant même cette étude his­to­rique mais alors qu’il avait déjà été ins­pi­ré par l’attitude du savant cos­mo­logue dont il a aujourd’hui retra­cé la vie, Domi­nique Lam­bert a éga­le­ment étu­dié, d’un point de vue phi­lo­so­phique cette fois, les dif­fé­rentes articu­lations pos­sibles entre science et foi, dans le des­sein d’aboutir à une arti­cu­la­tion qui ne tombe ni dans le dog­ma­tisme du concor­disme, ni dans le scep­ti­cisme du dis­cor­disme (cf. Sciences et théo­lo­gie : les figures d’un dia­logue, 1999).