Livre ana­ly­sé

Réfé­rences

Stof­fel (Jean‐François), Compte ren­du de P. Genin, « Le choc des cos­mo­lo­gies : 2500 ans d’histoire, pers­pec­tives théo­lo­giques », in Nou­velle revue théo­lo­gique, vol. 139, 2017, n°4, pp. 690 – 691. 

Télé­char­ge­ment

Pascal Genin

Le choc des cosmologies

2500 ans d’histoire, perspectives théologiques

Genin (Pas­cal), Le choc des cos­mo­lo­gies : 2500 ans d’histoire, pers­pec­tives théo­lo­giques. – Namur ; Paris : Édi­tions Jésuites, 2016. – 274 p. – (Don­ner rai­son : théo­lo­gie ; 53).

Le titre de cet essai enga­gé ne dévoile aucu­ne­ment son véri­table conte­nu. Au terme d’un long par­cours his­to­rique per­met­tant de mettre en évi­dence 1°) que l’affirmation de l’infinité de l’espace finit tou­jours par s’accompagner de celle de son éter­ni­té avec pour consé­quence l’assignation d’attributs divins au monde natu­rel ; 2°) que la thèse de l’éternité du monde est tra­di­tion­nel­le­ment cor­ré­lée à l’athéisme alors que celle de son com­men­ce­ment tem­po­rel est una­ni­me­ment res­sen­tie comme favo­rable à la vision biblique de la créa­tion (ain­si qu’en témoignent d’ailleurs les fortes résis­tances aus­si bien scien­ti­fiques, poli­tiques que phi­lo­so­phiques sus­ci­tées par le Big Bang) ; 3°) qu’il existe un assez large consen­sus pour inter­pré­ter la créa­tion ex nihi­lo comme une créa­tion s’inscrivant dans le temps ; et 4°) que les modèles cos­mo­lo­giques contem­po­rains nous font pas­ser, avec le modèle stan­dard issu du Big Bang, d’un uni­vers éter­nel à un uni­vers mar­qué par la tem­po­ra­li­té, il s’agit, dans cet essai, de redon­ner ses lettres de noblesse à la théo­lo­gie natu­relle et, plus par­ti­cu­liè­re­ment, à l’argument cos­mo­lo­gique. Mal­heu­reu­se­ment, mal­gré la pru­dence du pro­pos, la richesse indis­cu­table de la docu­men­ta­tion fac­tuelle et tex­tuelle ras­sem­blée ne semble pas s’accompagner d’une égale pro­fon­deur concep­tuelle : théo­lo­gi­que­ment, la nature de la rela­tion qui unit le Créa­teur à sa créa­tion n’est pas ques­tion­née ; phi­lo­so­phi­que­ment, la néces­si­té intrin­sèque d’une média­tion entre dis­cours scien­ti­fiques et dis­cours reli­gieux n’est pas suf­fi­sam­ment res­sen­tie ; épis­té­mo­lo­gi­que­ment, le carac­tère for­cé­ment hypo­thé­tique et tem­po­raire des théo­ries scien­ti­fiques n’est pas assez pris en compte ; stra­té­gi­que­ment, les leçons de l’affaire Gali­lée (à savoir les dan­gers de com­pro­mettre un mes­sage intem­po­rel en l’associant de trop près à une vision scien­ti­fique néces­sai­re­ment pro­vi­soire) ne sont pas assez rete­nues. À titre stric­te­ment per­son­nel, notre posi­tion­ne­ment face à cette déli­cate ques­tion serait donc dif­fé­rent de celui assu­mé par l’auteur. Au lieu de pri­vi­lé­gier une créa­tion ex nihi­lo s’inscrivant dans le temps et dans l’espace, nous sou­tien­drions, dans un pre­mier temps, une créa­tion ex nihi­lo de toute éter­ni­té, ce qui, d’une part, rédui­rait à néant l’utilité de toutes les recherches idéo­lo­giques menées par cer­tains cos­mo­lo­gistes pour fuir le com­men­ce­ment du monde en croyant ain­si échap­per à la ques­tion méta­phy­sique de ses ori­gines et, d’autre part, appor­te­rait à la théo­lo­gie chré­tienne de la créa­tion la séré­ni­té de sa par­faite com­pa­ti­bi­li­té aus­si bien avec les modèles cos­mo­lo­giques affir­mant (sous une forme ou une autre) l’éternité du monde qu’avec ceux sou­te­nant son com­men­ce­ment sin­gu­lier. Dans un second temps, nous ferions remar­quer que pour nos intel­li­gences humaines tri­bu­taires d’une ima­gi­na­tion qui asso­cie spon­ta­né­ment les concepts de créa­tion et de com­men­ce­ment, la cos­mo­lo­gie contem­po­raine pré­sente l’avantage, du moins pour le moment, de nous conduire plus natu­rel­le­ment (mais non pas avec davan­tage de néces­si­té !) à nous poser la ques­tion phi­lo­so­phique et théo­lo­gique de l’origine du monde naturel.